[Étude] : Plus de 41 millions d’euros de préservatifs dépensés chaque année, comment se faire rembourser ?

Mis à jour le 19 décembre 2024 par Delphine Bardou 

Fin Mars aura lieu, comme tous les ans, le week end du Sidaction où toutes les chaînes média se solidarisent pour un appel aux dons et pour rappeler les messages clefs : “protégez-vous”.

Le préservatif reste en effet le moyen le plus efficace pour se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles (MST).

Mais malgré les 108 000 000 utilisations et les 41,3 millions d’euros dépensés chaque année dans ce moyen de contraception par les français, le nombre de contaminations au VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) peine à diminuer au fil des ans, tout comme les autres MST. 

Selon un sondage réalisé sur le site de Réassurez-moi (1), le prix constituerait un frein à l’achat du préservatif pour 45 % des 18-24 ans. 

Peu ou mal connus des utilisateurs, ils existent pourtant des dispositifs pour éviter de débourser des frais. Ces dispositifs sont-ils assez efficaces et adaptés aux modes de consommation ?

Les experts mutuelle santé et les data-analysts de Réassurez-moi se sont penchés sur la question.  

41,3 millions d’euros dépensés en préservatifs chaque année par les français

Chaque année, se sont un peu plus de 108 millions de préservatifs(2) qui sont consommés par les couples, dont un peu moins de la moitié sont distribués gratuitement dans les écoles, les associations, les centres de dépistages. 

Ainsi, plus de 55 millions de préservatifs sont payés directement par les utilisateurs. Afin de simuler les dépenses françaises en termes de préservatifs, nos analystes ont décidé de s’appuyer sur le prix moyen des deux marques les plus populaires en France, soit Durex et Manix,  qui représentent respectivement 54% et 26 % des parts du marché. Le prix des boîtes de 6 peur varier de 3,57 euros à plus de 7 euros. Nous avons pris une fourchette basse de 0,75 euro par préservatif soit

41 250 000 euros dépensés chaque année

Les français dépenseraient ainsi plus de 41 millions d’euros chaque année en préservatifs. Comparons cette somme aux charges des institutions publiques sur le sujet.

Pour les dépenses de l’État ou d’associations, nous avons considéré que ce sont les marques les plus économiques qui sont distribuées à titre gratuit. Nous avons donc pris une fourchette basse de tarifs à 0,21 € le préservatif (avec la marque Eden par exemple) :

À titre de comparaison, l’État dépenserait chaque année 11,6 millions d’euros en préservatifs. Une charge à laquelle nous avons ajouté 1,2 million d’euros(3) pour le traitement des personnes atteintes du VIH (151 300 personnes dont le traitement est pris en charge à 100 % par la Sécurité Sociale).

Le prix est un frein à l’achat du préservatif pour 45% des 18-24 ans

Les 18-24 ans sont les plus gros consommateurs de préservatifs à hauteur de 52 % (1). Cela s’explique par le manque de stabilité dans les relations et leur difficulté à accéder à d’autres moyens de contraception. Les 25-35 arrivent juste derrière avec une quote part de 26%.

Pour la population la plus concernée, il apparait que le prix constituerait le principal frein à l’achat du préservatif : 45% pour les 18-24 ans et 35 % pour les 25-35 ans (1), entre autres parmi les raisons suivantes :

Le constat est surprenant, d’autant plus que des dispositifs existent pour se faire rembourser les préservatifs.

71% des 18-24 ans ne connaissent pas les dispositifs pour se faire rembourser les préservatifs

Il existe en effet des dispositifs pour se faire rembourser les préservatifs, mais ils ne semblent pas ou peu connus des intéressés (1) :

Ainsi, 71 % des 18-24 ans et 72% des 25-35 ans ne connaissent pas leurs droits en matière de remboursement des préservatifs.

Nous souhaitons informer les français sur ce sujet. Quels sont les dispositifs en place ?

La sécurité sociale propose la prise en charge des frais à hauteur de 60% sur deux marques de préservatifs :

  • les préservatifs “Eden” de la marque Marjorelle qui sont remboursables depuis le 1er décembre 2018
  • les préservatifs “Sortez couverts” du laboratoire Polidos qui sont également remboursables depuis le 1er mars 2019. 

Afin d’obtenir le remboursement de ces préservatifs, vous devez présenter une ordonnance de votre médecin général, de votre sage femme ou de votre gynécologue dans une pharmacie. Cette prescription peut être destinée à un homme ou une femme âgé(e) d’au moins 15 ans.

La petite astuce : n’hésitez pas à demander à votre médecin une ordonnance d’avance lors de votre prochaine consultation, au cas où… 

Enfin, certaines complémentaires santé peuvent aussi prendre en charge tout ou une partie des frais restants, même si elles sont peu nombreuses. Sur 5 mutuelles santé interrogées, une seule propose une enveloppe de 100 euros par an, pour pallier vos dépenses de contraceptifs, y compris les préservatifs. 

En France, 345 000 personnes ont bénéficié de cette mesure en 2021, ce qui reste très peu en comparaison du nombre d’utilisateurs. 

Au-delà du manque d’information, le dispositif ne semble pas approprié aux habitudes de consommation de nos sondés (1). Les préservatifs sont majoritairement achetés en grande distribution pour les 18-24 ans (37%) et par les 25-35 ans (53%) : 

De même, les préservatifs féminins, quoique peu connus malgré leur efficacité, ne rentrent pas dans les moyens de contraception remboursables.

Ainsi, au vu du manque d’information sur la population la plus concernée, et le manque d’adéquation avec les modes de consommation, il n’est pas étonnant que le dispositif ne rencontre pas un franc succès. Il n’en reste pas moins intéressant de les connaître. 

Le Sidaction sera une bonne occasion de vous rappeler les astuces pour vous protéger et protéger les autres, à moindre coût ! 

 

Notre méthodologie

  • (1) Selon un sondage réalisé sur le site de Réassurez-moi entre le 12 décembre 2021 et le 17 février 2022. Résultats analysés sur un panel global de 2101 réponses au questionnaire.  
  • (2) Selon Santé Publique France.

  • (3) Données 2019, disponible sur le site de l’assurance maladie dans la rubrique « Etudes et Données » > « Cartographie des dépenses remboursées par pathologies »
  • Il est nécessaire de remplir ce champs.
    Votre nom est requis.
    Entrez une adresse e-mail valide ou laissez ce champs vide